Les Juifs de Taroudant, leurs métiers et leurs saints P1
Article paru dans la revue Brit (Ashdod) n° 30 (été 2011), pp. 12-28.
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Les rapports trimestriels des instituteurs de l'Alliance
comme source ethnographique sur le judaïsme marocain.
Les Juifs de Taroudant, leurs métiers et leurs saints
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Joseph Chetrit, Université de Haifa.
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1. Introduction
Dans ma longue consultation des archives de l'A.I.U. sur le réseau scolaire au Maroc, une catégorie de documents n'a cessé de susciter ma curiosité. Il s'agit des rapports que les instituteurs, désignés comme 'adjoints' par l'institution, se devaient d'écrire tous les trois mois et qu'ils faisaient parvenir au Président du comité central de l'Alliance par l’intermédiaire de leurs directeurs. Celui-ci, ou bien le secrétaire du comité, se chargeait de les lire et de les commenter brièvement; il envoyait ensuite à chaque auteur ses remarques en soulignant sa satisfaction ou son insatisfaction sur différents points développés, y compris les incorrections de style1. D'après les rapports que j'ai pu consulter, ce travail, ou plutôt ce devoir d'écriture a duré une douzaine d'années: il a été initié à la fin des années vingt du siècle dernier, pas avant 1928 semble-t-il2, et a été arrêté en 1940, à cause de la Seconde Guerre Mondiale, qui a rendu compliquée puis impossible la communication entre le siège central de l'association à Paris et ses différents réseaux scolaires.
2. Rôle et portée ethnographique des rapports trimestriels
Dans l'esprit des initiateurs, ces devoirs trimestriels devaient renseigner "sur leur communauté, sur les rapports qu'ils [les instituteurs] entretiennent avec elle, sur les relations qu'ils se sont créées parmi les habitants; sur les croyances, les mœurs, les besoins, les courants d'idées, sur l’irnportance de [l’action de l'Alliance] sur les israélites"3. Dans les premières années, ces rapports répondaient assez bien aux attentes de l'institution, mais petit à petit les instituteurs se sont mis à écrire sur des sujets divers, pédagogiques ou personnels, qui n'avaient rien a voir avec les objectifs premiers fixés par l'institution. Cette dérogation a amené le Président du comite à nvoyer, en fin avril 1936, aux directeurs des écoles une lettre de rappel des directives, lesquelles étaient de moins en moins suivies par les enseignants. Par sa lettre où il a réagi à cette circulaire4, Daniel Lemer, directeur de l'école à Meknès, s'est attaché à expliquer ce changement d'orientation par le fait que les instituteurs désertaient de plus en plus les mellahs pour aller s'installer dans des maisons plus confortables et plus décentes, loin des taudis, et perdaient ainsi le contact direct avec les communautés dans lesquelles ils servaient.
M'intéressant aux communautés juives du Maroc, ce sont les rapports sur lavie juive envoyés par les instituteurs qui ont servi dans ce pays que j'ai consultés et photocopiés dans l'intention de les utiliser dans mes différents travaux5. Dès le départ, j'ai été attiré tant par les contenus ethnographiques sur les communautés juives du Maroc, qui ont été analysés à différents niveaux de connaissance, de perspicacité ou d'empathie, que par les points de vue personnels et prises de position culturelles que les différents auteurs ne manquaient d'exprimer directement et indirectement à travers leur description des faits et processus qu'ils présentaient. Il est a noter à ce sujet que 70 ans après l'ouverture de la première école de l'Alliance au Maroc, à Tétouan en 1862, les instituteurs et institutrices étaient encore en grande majorité d'origine étrangère. Ils provenaient pour la plupart de l'ancien Empire Ottoman et des pays balkaniques et ont suivi une formation pédagogique et idéologique à l'Ecole Normale Israélite Orientale d'Auteuil à Paris6. Pour eux, les Juifs du Maroc étaient des "indigènes", avec toute la condescendance, le paternalisme - et parfois même le mépris - que ce terme signifiait alors pour ces 'missionnaires laïcs', imbus qu'ils étaient de l'importance de leur mission éducative, civilisatrice et même salvatrice, qu'ils exerçaient au sein d'une population juive qu'ils considéraient le plus souvent comme arriérée sinon primitive7. Il fallait donc 'régénérer' ces communautés en y dispensant aux enfants et aux adolescents les lumières et la rationalité des savoirs généraux et spécialisés, les préceptes et les convenances des formes de vie et de pensée européennes ainsi qu`un endoctrinement idéologique focalisé sur les valeurs et les affaires françaises, métropolitaines ou coloniales8.
Par contre, assez peu nombreux étaient encore, avant la Seconde Guerre Mondiale, les enseignants qui, nés au Maroc, avaient une connaissance expérientielle intime de leurs communautés, de leurs formes de vie, de leurs ressources économiques et intellectuelles, de leurs traditions séculaires et des transformations qu’elles subissaient sous le protectorat français. Tout comme leurs collègues étrangers, ces instituteurs d’origine marocaine ont suivi la même formation éducative et idéologique de l'Alliance, à l'Ecole Normale de Paris. La connaissance directe de leurs communautés transparaît directement dans leurs stratégies d'écriture et dans l'empathie avec laquelle ils traitaient leurs sujets communautaires, en comparaison de leurs collègues 'débarqués' au Maroc suite à leur affectation par le Comité Central. Faute de place, il ne pourrait être mené ici une étude comparative exhaustive des orientations d'écriture distinctives, laquelle s'impose pourtant de par cette vision différente des affaires communautaires9.
Munis d'outils tant cognitifs, culturels qu'idéologiques, les instituteurs qui avaient à rédiger un texte différent chaque trimestre y ont ainsi déposé consciemment ou inconsciemment leurs partis-pris sinon leurs préjugés vis-à-vis des communautés, des phénomènes, des traditions et des changements qu`ils présentaient dans leurs rapports. Lorsqu'ils ont abordé l'aspect socio-économique, par exemple, c'est une vision généralement misérabiliste de la vie juive qui y est privilégiée, vision rehaussée de couleurs bien sombres, à l'exemple des descriptions parfois sordides que donnaient au XIXème siècle les nombreux visiteurs européens et diplomates qui ont passé quelque temps au Maroc et ont livré leurs impressions sur les communautés juives qu'ils avaient brièvement visitées. Cependant, contrairement à ces derniers, nos instituteurs rapporteurs vivaient assez longtemps au sein d'une même communauté, au moins une année, avant d'être mutés dans d'autres écoles; ils avaient donc la possibilité de mieux connaître les milieux juifs qu'ils observaient et sur lesquels ils écrivaient, ce qu'ils ont accompli lorsqu'ils vivaient mêlés à la population juive. Mais. pré-conditionnés idéologiquement et devant rendre compte à l'institution qui les employait et qui suivait de près leur engagement civilisationnel et éducatif10, c'est l'approche distanciée qui est plutôt cultivée et démontrée dans leurs textes. Les contenus de leurs rapports communautaires sont pourtant bien variés: les types juifs et leurs comportements, le statut de la femme juive au sein de la famille, les traditions du mariage et leur faste, les rapports avec les Musulmans, les fêtes juives, générales ou spécifiques comme la Mimouna, avec leurs traditions et leurs préparatifs, le culte des saints, l’antisémitisme et l'hitlérisme, les métiers juifs, ou bien l'environnement arabe et berbère.
Il y a donc là des matériaux ethnographiques valables pour celui qui s'intéresse à la vie juive au Maroc avant la dispersion des communautés. Cependant, le chercheur se doit de garder une démarche critique à l'égard des présentations et des argumentations qui y sont développées. Dans leur essence textuelle, ces rapports sont en fait avant tout des témoignages personnels sur différents aspects de la vie juive au Maroc avant la Seconde Guerre Mondiale. Ils ont été écrits à une époque où les structures communautaires, les mentalités et les traditions culturelles n'avaient pas réellement changé, malgré les réformes et les nouvelles institutions introduites par le Protectorat français peu après son installation en 1912,11 et malgré la scolarisation de plus en plus étendue, mais encore insuffisante, des enfants dans les écoles de l'Alliance et les écoles franco-israélites12 .Comme pour tout témoignage, où l'on parle autant - sinon plus - de soi que de ce qu'on entend et on voit, il est nécessaire de croiser des regards divers en mettant à contribution d'autres sources complémentaires ou supplémentaires.
Dans cette étude, j'aimerais illustrer cette problématique de l'écriture des instituteurs de l'Alliance sur les Juifs du Maroc par la publication de textes inédits qu'une institutrice a écrits sur la communauté juive de Taroudant, où elle a enseigné avec son mari d'octobre 1930 à juillet 1932. Il s'agit de Mathilde Benozillo, née Hadjopoulos à Yanina en Grèce, qui a été affectée d'abord à l'école d'El-Ksar en 1925-26 puis à celle de Fez de 1926 à 1930. Parmi les rédacteurs de rapports au Maroc, elle a été peut-être la plus prolifique et 1'une de plus perspicaces13. Mais avant de livrer ses textes in extenso, il nous faudra donner un aperçu général sur la communauté juive de Taroudant, son histoire et sa production culturelle.
3. La communauté juive de Taroudant
Nous ne disposons pas de documents historiques sur l'origine et l'évolution de la communauté juive de Taroudant et son environnement. Cependant, il ne fait aucun doute que des communautés juives rurales ou semi-rurales y existaient dès le XIème siècle au moins. La célèbre qina [=élégie] d'Abraham Ibn Ezra, qui évoque au milieu du XIIème siècle la destruction des communautés juives au Maghreb et en Andalousie sous les Almohades, y inclut celles du Souss, dont Taroudant a été une des plus grandes14. D'après des rares chroniques et des témoignages, le sort de ces communautés rurales et semi-rurales a d'ailleurs été lié tout le long de leur histoire jusqu'à leur dispersion dans les années l962-1963 et leur émigration en Israël. A certaines époques comme aux XVIème _ XIXème, à différentes reprises, lors de disettes ou de troubles graves, les petites communautés de Tiout, et d'Igli, Oulad Berrhil, Oulad Hassan, Tinzert et Arazan (appelées communément Ras-al-Wad), d'Oulad Buriis ou même d’Aqqa et Tata aux confins du Sahara, ont nourri la population de Taroudant et en ont maintenu le nombre habituel, un millier de personnes en général, alors qu'elles comptaient quant à elles de 30 à 200 membres au maximum15. Dans d'autres circonstances, comme au début du XVIIème siècle, à la suite d'une épidémie de peste, les juifs de Taroudant ont trouvé refuge à Aqqa et ses environs16. Taroudant et les communautés voisines ont de plus été unies depuis le XVIème siècle au moins par des activités kabbalistiques intenses et par la vénération commune des saints, de la famille Cohen Azogh17 en particulier, qui sont enterrés parmi les tribus berbères des Mentaga et des Mnabha ou bien a Taroudant même, comme le montrent bien les documents qui seront présentés ici.
Ces différents brassages de communautés se re?ètent d'ailleurs dans le parler judéo-arabe de Taroudant, où des centaines de termes berbères continuent de désigner des entités de la vie quotidienne, du corps humain et de la maison. Cette hybridation ne saurait s'expliquer que par le fait qu'une partie des locuteurs au moins était bilingue dans les siècles précédents, ceux qui étaient originaires des communautés rurales en particulier, et pratiquaient aussi bien le judéo-arabe que le (Judéo-)berbère, alors qu'à Taroudant même, les juifs n'utilisaient aux XIXème et XXème siècles que le judéo-arabe comme langue principale18.
Ces communautés de la plaine du Sous ont bien évidemment connu les aléas et les rebondissements socio-po1itiques qui ont sans cesse secoué le sud du Maroc depuis le Moyen Âge jusqu'à l’établissement du Protectorat français de 191219. Pendant cette longue période, c'est une instabilité chronique qui a frappé la région, à cause des luttes entre les différentes dynasties berbères ou arabes qui se sont succédé, dont certaines comme les Saadiens y ont même pris naissance au XVIème siècle et ont adopté pendant un certain temps Taroudant comme capitale20. D'autres luttes fréquentes ont opposé le pouvoir central de Fès, de Marrakech ou de Meknès aux potentats locaux ou a des prétendants au trône, comme les maîtres du Tazerwalt21. Ces communautés, avec à leur tête Taroudant, ont joui tout autant des nouvelles opportunités économiques qui ont fait prospérer les populations locales à certaines époques plus ou moins longues, comme la culture de la canne à sucre aux XVIème et XVIIème siècles, ou le commerce transsaharien, dont Taroudant était jusqu'au début du XXème siècle une place importante sur la route de Marrakech, d'Essaouira (Mogador) ou d'Agadir22 . En dehors de ces activités commerciales internationales, y compris la frappe de la monnaie, les juifs du Souss ont subsisté grâce au petit commerce de tissus et de denrées alimentaires, dont ils étaient souvent les distributeurs attitrés, de métiers artisanaux et de colportage Les juifs étaient les orfèvres, les ferblantiers, les matelassiers, les selliers et les cordonniers et certains proposaient leurs maigres marchandises ou leurs services dans les souks des différentes localités, en s'absentant souvent de longs mois de leurs foyers.
A la fin du XIXème siecle ct dans la première moitié du XXème, les plus nantis de ces communautés avaient des associations agricoles avec des paysans musulmans, arabes ou berbères, dans l'élevage de bovins ou d'ovins, dans la culture de céréales et dans l'entretien de vergers, d'oliviers en particulier. Ce sont d'ai1leurs ces associations qui ont marqué la fête juive de la Mimouna à Taroudant, car les juifs prenaient dans la soirée du dernier jour de Pessah à leurs connaissances musulmanes un panier de 'matsot' –ar-ghraif- et de spécialités culinaires juives; ces derniers leur offraient en échange du lait, du miel, des œufs et des épis de blé ou d’orge ainsi que des fèves vertes qui leur servaient à dresser la table traditionnelle de la fête23.
Du point de vue de la culture juive interne, Taroudant s'est distinguée aux XVIème et XVIIème siècles par une école kabbalistique très importante dont on vient de publier et d'étudier l'œuvre exégétique des auteurs les plus marquants24, comme R. Moshe bar Maimon Elbaz25 et ses disciples R. Ya'aqob Iferganz26 et R. Yishaq Ha-Cohen27. Ce dernier a probablement ouvert la lignée des kabbalistes de la famille Cohen Azogh, dont l'œuvre est encore inédite. Depuis le XVIIIème siècle au moins jusqu'à nos jours, les chefs de cette famille illustre sont devenus l'objet d'une vénération générale à Taroudant comme dans les communautés voisines28, et la Hiloula de R. David ben Baroukh Cohen Azogh29 et de son fils rabbi Baroukh, continue de réunir même de nos jours chaque hiver, le dernier jour de Hanouka, de nombreuses centaines de pélerins a Aghzu n-Bahamu, près d'Oulad Berrhil, à 35 km de Taroudant. D'autres saints de la famille sont R. Barukh Ha-Kohen l-Kbir [=le grand] enterré à Mentaga30, R. Barukh Ha-Kohen et son fils R. David Ha-Cohen Azogh, dit Baba Doudou (décédé en l953) 31, qui sont enterrés à Taroudant, ainsi que son cousin R. Pinhas Ha-Cohen (décédé en 1952), lequel est enterré à Marrakech. D'autres saints, qui étaient vénérés dans la région sont R. Moshe bar Maimon Elbaz32, R. Shalom Zafrani et R. Pinhas Al-Kohen, enterrés a Taroudant, R. Abraham bar Maimon, enterré à Tiout, et R. Yishaq Ha-Levi, enterré près de Tinzert, ainsi que R. Khlifa Malka, enterré a Agadir33.
L’éducation moderne n'a été inaugurée à Taroudant qu'en 192934, avec l'ouverture de l'école primaire de l'A.I.U, qui a formé des centaines d'élèves jusqu'à sa fermeture en 1963 avec le départ des familles en Israël. Mais ce n'est qu'après la Seconde Guerre Mondiale que des jeunes de la communauté ont pu aller à Casablanca poursuivre des études secondaires, à l'Ecole Normale Hébraïque en particulier35. Bien avant les départs en Israël, différentes familles et de nombreux jeunes sont allés s'installer à Agadir, Marrakech et Casablanca ou même à Salé et à Rabat à la recherche d'une meilleure situation économique. D'autres ont continué jusqu'a Paris, où vit de nos jours une petite communauté d’originaires de Taroudant, mais le plus grand nombre de ces derniers vivent aujourd’hui aux quatre coins d'Israël et essaient de s’organiser pour préserver la mémoire juive de Taroudant36.
Le texte a été séparé en deux parties, pour une lecture plus confortable.
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1 Dans les liasses d'archives, les rapports sont le plus souvent accompagnés des brouillons manuscrits de ces lettres. -
2 Les premiers rapports que j'ai pu consulter pour le Maroc datent de 1928.
3 Directives reprises par Daniel Lerner, directeur de l'école de Meknes, dans sa lettre du 83.1936 au Président de l'Alliance. Voir Archives AIU Maroc, liasse E XXXII .
4 Voir note précédente.
5 Cf. Chetrit et alii, 2003, pp. 479›492.
6 On peut maintenant consulter aisément la liste des instituteurs et directeurs qui ont servi dans les écoles de l'Alliance au Maroc, ainsi que leurs états de service, grâce au fichier du personnel figurant dans le site: http://www.aiu.org, établi par la Bibliothèque de l`AIU à Paris.
7 Voir par exemple les différents rapports, le plus souvent dédaigneux, qu'a écrits Bension Elmaleh, instituteur à 1'école de Meknès, sur différents aspects de la communauté juive locale (le quartier juif, la femme juive, les synagogues, l’enseignement juif traditionnel). Celui qu'il a envoyé le 11.4.1935, soit près de trois ans après son installation, pourrait être considéré comme un véritable "morceau de bravoure". Il y fait "part de quelques observations personnelles sur l'enfant marocain" et y dépeint un portrait au vitriol de l'enfant juif marocain et de ses qualités morales. Il y met particulièrement l'accent sur sa facilité à mentir, sa saleté, sa délation, sa mendicité de meilleures notes, son manque d'amour propre et sa cupidité. Il termine sa charge par cette question, rhétorique pour lui: "Amselim se corrigera-t-il de ses défauts après avoir passé quelques années sur les bancs de l'école ? Malheureusement non, il ne pourra s'en débarrasser jamais; peut›être son petit fils ou son arrière petit fils en seront exempts". Plus grave encore est la réaction compréhensive que le secrétaire du comité central lui a envoyée à la lecture de son rapport. Il y écrit entre autre: "Loin de vous décourager de votre tâche, elles doivent [!] au contraire vous en faire mesurer la grandeur et la noblesse. N'oubliez pas que vous êtes l'artisan d'une œuvre de relèvement intellectuel et moral qui ne peut se faire en un jour".
Bension Almaleh est né en Bulgarie en 1912 et a enseigné à Meknès dans les années l932 -1935 après des études à l'Ecole Normale Israélite. Il a ensuite enseigné à Marrakech et El-Ksar et a cessé d’enseigner en l939. Voir ses rapports dans la liasse Maroc II B l2.63-67.
8 Sur les instituteurs de l`Alliance, voir l’étude fouillée que leur a consacrée Aron Rodrigue (Rodrigue. 1989). Voir aussi Danan, 2004. Pour les instituteurs ayant servi au Maroc, Voir Laskier, 1983.
9 Il convient de signaler que certains instituteurs originaires du Maroc, comme Prosper Cohen à Meknès, ont eu dans ces années trente maille à partir avec leurs supérieurs hiérarchiques, qui leur reprochaient leur indiscipline ou leur engagement communautaire. Voir à ce sujet l’abondante correspondance concernant Prosper Cohen dans les archives de l'AlU, liasse Maroc II B 12,29-34.
10 Voir par exemple l'admonestation qu'a adressée le secrétaire du Comité Central à Elie Mac-Edery, instituteur â 1'éco1e de Meknès, à la suite du rapport qu'il lui a fait parvenir en décembre 1931, et ou il a traité de "la mortalité et l’assimilation parmi les Israélites" sur un ton qui ne concordait pas avec les sentiments des dirigeants de l`Alliance. Le secrétaire écrit entre autre: "Nous refusons de discuter cette question avec vous. Elle n’est pas de votre compétence". Voir liasse Maroc II B 12 1931. Elie Mac-Edery est né à Safed en 1908 et a pris ses fonctions à Meknès en octobre 1931 après avoir enseigné à Jérusalem. Il a été muté à Safi puis à Mogador où il a cessé d'enseigner en 1936. Voir liasse Maroc XLVTII E 748.
11 Cf. Chetrit et Schroeter, 1995, 1996, 2006.
12 Cf. Laskier, 1983.
13 En dehors des rapports qui seront mentionnés ou publiés ici in extenso. Mathilde Benozillo a rédige d’autres rapports concernant essentiellement la communauté juive de Fez : la propreté de Pesah (11.12.1928), le Saint de Sefrou (10.161929), nouvelle règlementation des cérémonies du mariage juif (9.3.1930), "réflexions en passant au Mellah" (12.3.1932).
14 Cf. Hirschberg, 1965/l. pp. 84-108.
15 Cf. Chetrit, 2010a. 2010b. Voir aussi Flamand, 1959.
16 Voir Zafrani, 1991, pp. 93-96.
17 Le surnom Azogh semble être d’origine berbère. Dans cette langue, le radical /z-w-gh/ désigne la qualité de rouge, rouquin. vert, vermillon.
18 Cf. Chetrit, 2007, pp. 235-267.
19 Sur la période allant du Moyen-Âge a la moitié du XVIIe siècle, voir Jacques-Meunié, 1982.
20 Cf.Berthier, 1964. 1970
21 Cf. Pascon et alii, 1984.
22 Cf. Abitbol, 1980.
23 Cf. Chetrit. 1982/1983.
24 Voir Zafrani, l99l; Guinat Bittan; Hékhal Haqodèch; Pérah Shoshan,
25 Voir Hékhal Haqodèch.
26 Voir Pérah Shoshan
27 Voir Guinat Bittan.
28 Voir texte 3 infra.
29 A vécu au XVIIIe siècle et serait décédé en 1785, selon 1'épitaphe qui a été apposée tardivement sur sa tombe.
30 A vécu dans la seconde moitié du XVIIe siècle et serait décédé en 1740, selon l’épitaphe apposée sur sa tombe. Sa Hiloula se déroule en septembre, le 9 Elul.
31 Voir le texte 2 infra.
32 C’est l'auteur de Hékhal Haqodèch. Il est décédé dans le premier quart du XVIIe siècle.
33 Sur tous ces saints, voir Ben-Arni, 1984, selon l'index.
34 Voir les liasses Maroc LXXVI E (8); Maroc VI B 27n.2.
35 Cf. Chetrit. 2010b.
36 Entre 2005 et 2008 trois soirées d`études et de retrouvailles se sont tenues à Carmiel, Natanya et Ashdod, qui ont réuni chaque fois près de 200 personnes originaires de Taroudant.
Références bibliographiques
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Ouvrages kabbalistiques des XVIe-XVIIe siècles
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Hékhal Haqodèch = R. Moché Bar Mimon Elbaz, Hékhal Haqodèch (en hébreu), avec une introduction en français de S. Benzaquen, Jérusalem: Or Hamaarav Éditeur, 2005.
Pérah Shoshan = R. Yaacov Ifergan, Pérah Shoshan: deux commentaires du Pirké Avot (en hébreu), avec une introduction en français de S. Benzaquen. Jérusalem: Or Hamaarav Éditeur, 2007.
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